Dans un billet de blogue partagé jeudi, Google a annoncé qu'il souhaitait aider les développeurs à "créer des entreprises durables", mais également s'assurer que "Play continue à être le leader de l'écosystème des applications mobiles". À cet effet, il a apporté une nouvelle fois des modifications à son modèle commercial. La société a annoncé que davantage de catégories d'applications pourront payer beaucoup moins que les 30 % de frais habituels. Elle a annoncé que toutes les applications qui proposent un service d'abonnement paieront désormais une redevance de 15 %. Pour l'instant, elle n'a ajouté aucune autre condition particulière pour être éligible.
En outre, elle a précisé que les livres numériques et les applications de diffusion de musique en continu seront éligibles à une redevance aussi basse que 10 %. Afin de justifier les prix plus bas appliqués aux livres électroniques et aux applications de diffusion de musique en continu, Google a avancé la raison suivante : « les coûts du contenu représentent la majorité des ventes et les taux tiennent compte de l'économie du secteur des verticaux de contenu médiatique ».
À la question de savoir comment les développeurs peuvent savoir s'ils sont éligibles pour les nouveaux frais, un porte-parole de Google a répondu : « Les développeurs peuvent consulter les directives du programme et exprimer leur intérêt dès maintenant et nous les suivrons avec plus d'informations s'ils sont éligibles ». Notons que Google avait déjà annoncé en mars qu'il réduirait les commissions prélevées sur les achats dans les applications de 30 % à 15 % pour le premier million de dollars de ventes réalisées par les développeurs d'applications, une décision qui imitait celle d'Apple. La firme de Cupertino avait annoncé cela en novembre dernier.
Le nouveau changement simplifie la situation en offrant 15 % dès le départ, ce qui, selon certains analystes, devrait inciter les développeurs à passer des paiements uniques aux abonnements. Il n'est pas dit, mais c'est sûrement vrai, que la pression réglementaire et la pression publique de sociétés comme Spotify et Epic Games ont pesé dans la décision de Google. Actuellement, la souscription d'un abonnement Spotify sur Android vous redirige vers le site Web de Spotify pour saisir vos informations de paiement. Il semble que l'entreprise n'est pas prête à renoncer à 10% de ses revenus Android, et continuera à utiliser son propre système de paiement.
Des critiques suggèrent également qu'Epic ne renoncera pas non plus à 15 %. Cette année, la Corée du Sud a exigé que les applications soient autorisées à avoir des méthodes de paiement personnalisées dans les applications. « Pourquoi une grande entreprise, qu'il s'agisse de Netflix, Epic ou Spotify, donnerait-elle encore 10% à Android ? Il semble tout simplement que le prélèvement sur les achats in-app soit de moins en moins justifiable. Et il est scandaleux que les jeunes entreprises axées sur le mobile donnent 15 % de leurs revenus à la recherche de rentes par la première et la cinquième plus grande entreprise du monde », a écrit un critique.
« De plus, ce retour de bâton réglementaire pourrait vraiment nuire à Android, car selon le PDG, Google Play représente la majeure partie des revenus d'Android. Si ces revenus disparaissent, c'est un gros morceau d'argent qui disparaît pour Google. Les revenus de l'App Store représentent également 37 % des bénéfices d'Apple, alors évidemment ils se battent bec et ongles, mais il est facile de voir où vont les choses. Apple et Google vont être assez désespérés pour éviter un exode total », a-t-il ajouté. Au début de l'année, Epic, le créateur du jeu à succès Fortnite, a poursuivi Apple pour avoir exercé un monopole avec son App Store.
Mais Epic a perdu sur neuf des dix points. Selon les analystes, la décision de Google va accentuer les pressions sur Apple, qui est aussi critiqué à cause du pourcentage de sa commission et des règles de l'App Store. Il faut aussi noter que ce changement ne s'appliquera pas aux plus grands jeux, comme Fortnite d'Epic, qui représentent la majorité des ventes sur les boutiques d'application de Google et d'Apple. Les jeux vidéo ont en effet tendance à dépendre des achats in-app, qui sont toujours soumis à des frais de 30 % même lorsqu'ils dépassent 1 million de dollars de revenus annuels. Ils constituent donc une source importante de revenus.
À en croire les chiffres de Sensor Tower, les dépenses mondiales sur Google Play en 2020 ont atteint 38,8 milliards de dollars, ce qui a rapporté à Google 11,6 milliards de dollars en frais. La majorité de ces frais - soit environ 9,6 milliards de dollars - provenait des jeux mobiles. Dans ce domaine, Google est engagé dans une bataille juridique avec Epic au sujet de Fortnite, qui n'est pas disponible dans la boutique Google Play. Google fait également l'objet d'une action en justice intentée par une coalition de 36 procureurs généraux d'État en raison de problèmes antitrust liés à la boutique Google Play.
Selon les critiques, si l'on additionne tout cela, il est évident que Google fait ce qu'il peut pour mettre en place des soupapes de décharge pour toute cette pression en réduisant les frais de la boutique lorsqu'il le juge possible. Dans son communiqué de presse jeudi, Google a cité des déclarations positives de Bumble et de Duolingo à l'appui de la baisse de ses frais d'abonnement, un message qui s'adresse certainement aux régulateurs. Et il est probable que la société continuera à faire appel à des développeurs qui ne sont pas fâchés avec le modèle économique du Play Store lors de son sommet des développeurs la semaine prochaine.
« Notre partenariat avec Google a été puissant pour notre entreprise. Il nous a aidés à nous développer et a joué un rôle clé dans l'avancement de notre mission d'autonomisation des femmes dans le monde. Le changement de prix qu'ils ont annoncé nous permettra de mieux investir dans nos produits et de donner davantage de moyens aux utilisateurs de se connecter en ligne en toute confiance », a déclaré Whitney Wolfe Herd, fondatrice et directrice générale de Bumble, une application de rencontres. Luis von Ahn, directeur général de l'application linguistique Duolingo, s'est également dit ravi de sa collaboration avec Google.
« Tout comme chaque personne apprend de manière différente, chaque développeur est également différent. Nous sommes ravis de voir que Google continue de collaborer avec l'écosystème pour trouver des modèles qui fonctionnent à la fois pour le développeur et la plateforme. Cette réduction des frais d'abonnement aidera Duolingo à accélérer sa mission d'apprentissage des langues universellement disponible », a-t-il déclaré.
Source : Google
Et vous ?
Quel est votre avis sur le sujet ?
Que pensez-vous des réductions proposées par Google ?
Ces réductions permettront-elles de faire baisser la pression des régulateurs ?
Voir aussi
Android 12 est en disponibilité générale, mais uniquement sur certains appareils, ce que vous devez savoir sur la dernière version du système d'exploitation de Google
Voici combien Apple et Google facturent aux développeurs sur leurs magasins d'applications : 30 % de commission sur les applications et les achats intégrés
La Corée du Sud adopte un projet de loi interdisant à Apple et Google de limiter les développeurs à leurs système de paiement, les utilisateurs pourront choisir le système lors d'un achat in-app
Les bénéfices de l'App Store d'Apple semblent "disproportionnés", a déclaré un juge américain au PDG Cook, Apple ne ressent aucune « pression ou concurrence » pour réduire le prix