Le 6 mars marque un changement majeur attendu depuis longtemps : c'est la date limite à laquelle les plus grands "gardiens" de la technologie doivent se conformer au DMA. Google a attendu le dernier moment pour annoncer les changements qu'il compte apporter pour se conformer au DMA. L'entreprise avait précédemment annoncé qu'elle se conformait déjà au DMA (par exemple, en autorisant le chargement latéral des applications). Cependant, elle n'avait pas encore donné de précisions sur les frais qui s'appliqueraient aux développeurs, déclarant que de plus amples informations seraient communiquées cette semaine.
Mercredi, Google a révélé qu'il facturerait les développeurs même s'ils n'utilisent pas le Play Store, tout comme Apple l'a fait avec l'App Store. Selon de nouveaux détails trouvés dans la section d'aide de la Play Console, l'entreprise facturera deux nouveaux frais :
- des frais d'acquisition initiaux : ils s'élèvent à 10 % pour les achats intégrés ou à 5 % pour les abonnements de deux ans. Google explique que ces frais représentent la valeur que le Play Store a apportée en facilitant l'acquisition initiale d'utilisateurs. (Google a inclus le tableau ci-dessous pour montrer comment les frais s'appliqueront à une hypothétique "Fantastiq App".) ;
- des frais de services continus : ils s'élèvent à 17 % pour les achats intégrés ou à 7 % pour les abonnements. Google explique que ces frais reflètent la valeur plus large que le Play Store apporte aux utilisateurs et aux développeurs, y compris les services permanents tels que le contrôle parental, l'analyse de sécurité, la prévention des fraudes et les mises à jour permanentes des applications.
Les développeurs peuvent se désengager des frais permanents après deux ans si les utilisateurs sont d'accord, mais les services Play permanents ne s'appliqueront plus. « Étant donné que les utilisateurs ont acquis l'application via Play en s'attendant à bénéficier de services tels que le contrôle parental, l'analyse de sécurité, la prévention des fraudes et les mises à jour continues de l'application, l'interruption des services nécessite également le consentement de l'utilisateur », a déclaré Google dans son communiqué . L'entreprise explique que le consentement des utilisateurs est nécessaire pour des raisons de sécurité.
Avec ces frais, Google suit l'exemple d'Apple, qui a réduit ses commissions sur l'App Store dans l'UE afin de se conformer au DMA, mais a mis en place une nouvelle taxe sur les technologies de base qui oblige les développeurs à payer 0,50 € pour chaque première installation annuelle au-delà d'un seuil d'un million pour les applications distribuées en dehors de l'App Store. Ce nouveau frais a suscité un tollé dans la communauté. Apple s'est justifié en expliquant que les services qu'il fournit aux développeurs vont au-delà du traitement des paiements et comprennent le travail qu'il effectue pour soutenir tout l'écosystème iOS.
Selon Apple, ce travail concerne notamment le soutien à la création et la découverte d'applications, la création d'API, de frameworks et d'outils pour soutenir le travail de création d'applications des développeurs, la lutte contre la fraude et bien d'autres choses encore. Apple a également entrepris de saboter les applications Web progressives dans le cadre de sa mise en conformité avec le DMA, une approche que les critiques jugent indéfendable. Spotify, Epic Games et d'autres soutiennent que les changements apportés par Apple à l'App Store ne sont pas conformes à l'esprit du DMA, et transforment la loi en une "mascarade".
Mercredi, Google a également justifié ses nouveaux frais en vantant la valeur qu'il apporte à l'écosystème Android : « les frais de Play soutiennent notre investissement dans Android et Google Play et reflètent la valeur fournie par Android et Play, notamment en nous permettant de distribuer Android gratuitement et de fournir la suite d'outils et de services en constante évolution qui aide les développeurs à créer des entreprises prospères, tout en maintenant nos plateformes sûres et sécurisées pour des milliards d'utilisateurs dans le monde entier ». Google a présenté cela comme un nouveau programme d'offres externe.
Google précise que les développeurs devraient s'inscrire au programme en tant qu'entreprise, et non en tant qu'individu. Il a également précisé que les développeurs peuvent continuer à utiliser le système de facturation de Google Play tout en participant au programme d'offres externes. Indépendamment du programme d'offres externes, Google lance deux autres programmes visant à permettre l'utilisation d'autres systèmes de facturation pour les achats intégrés. Ces programmes s'étendent cette semaine à tous les développeurs dont les applications sont destinées aux utilisateurs de l'EEE (Espace économique européen).
De nombreuses analystes dénoncent les plans de Google et Apple pour se conformer au DMA, alléguant que ces géants de la technologie cherchent à maintenir leur monopole sur la distribution des applications mobiles. Les déclarations de Google suggèrent que si vous êtes un développeur et que vous tenez absolument à ne pas faire affaire avec le Play Store de Google, contrairement à Apple, vous êtes libre de dire aux utilisateurs de télécharger votre application à partir de votre propre site Web. Vous perdrez certes la visibilité qu'offre le Play Store, mais c'est la raison pour laquelle Google facture ces frais aux développeurs.
Par contre, sur iOS, le fait de ne pas accepter les conditions d'Apple vous empêche de distribuer entièrement votre application sur la plateforme de l'entreprise. Selon les analystes, ni Apple ni Google n'ont aucune intention de respecter le DMA, et tous deux usent de subterfuges afin de maintenir le statu quo pour continuer à soutirer aux développeurs des milliards de dollars par an. Les analystes s'accordent à dire que les récents changements apportés par Apple à l'écosystème iOS, y compris le sabotage des applications Web progressives (PWA), s'écartent complètement des objectifs du DMA et constituent un pied de nez à l'UE.
Le DMA de l'UE est une législation de grande envergure qui vise à garantir une concurrence plus équitable entre les géants de la technologie, désigne certaines grandes entreprises en ligne et leurs services comme des "gardiens". Les entreprises qui ont reçu cette désignation (Alphabet, Amazon, Apple, ByteDance, Meta, Microsoft, etc.) devront satisfaire à de nouvelles exigences strictes visant à réduire les comportements anticoncurrentiels. Apple, Meta et TikTok ont fait appel de leur désignation. Les critiques du DMA affirment que la loi épargne les entreprises européennes, tout en visant essentiellement les entreprises américaines.
Source : Google (1, 2)
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